Allier le commerce et l'humanitaire est le leitmotiv d'étchiboy. Cette entreprise, créée par Miguel Vielfaure il y a à peine un an, est spécialisée dans la production de ceintures fléchées. Vendues au Canada, les ceintures sont auparavant produites dans des petits villages du Pérou situés à plus de 3 000 mètres d'altitude.
« Au cours d'un voyage au Pérou, j'ai rencontré des artisans Quechuas qui tissaient des motifs similaires à ceux des ceintures métisses canadiennes, explique Miguel Vielfaure. J'ai eu l'idée de faire fabriquer ces ceintures là-bas, puis de les vendre au Canada. »
Les ceintures fléchées étaient portées par les premiers Voyageurs. Elles devinrent par la suite le symbole identitaire des Métis. « Inventées il y a plus de 400 ans, ces ceintures sont produites industriellement depuis 40 ans, souligne Miguel Vielfaure. Je souhaitais créer un produit de meilleure qualité. »
Une ceinture exige une journée de travail. Et les ouvriers ne tissent pas seulement les produits métis. « Comme je les paie le double du salaire minimum péruvien, mes commandes sont souvent prioritaires », constate Miguel Vielfaure.
L'objectif de l'entreprise n'est pas seulement de faire du profit. Sa vocation est aussi d'améliorer les conditions de vie des autochtones péruviens. « Ils sont abandonnés par le gouver_nement, difficilement intégrés dans le monde des affaires et vivent dans des zones très rurales où les touristes ne se rendent jamais, raconte Miguel Vielfaure. Je coopère avec une association de mères célibataires et d'orphelins. » Au plus haut de la production, 96 Quechuas travaillent pour étchiboy.
« J'ai appris que grâce à l'argent qu'elles ont gagné, une famille a fait installer l'électricité, une autre s'est achetée la télévision ou un ordinateur, se réjouit Miguel Vielfaure. Désormais, toutes ont un meilleur niveau de vie! »
Si le côté humanitaire est réussi, le côté commercial de l'entreprise est plus mitigé. Les coûts de transport ou les frais de douane sont exorbitants. Et il faut trouver les débouchés au Canada.
« Depuis le mois de mai, les ventes ont bien marché au Manitoba, note Miguel Vielfaure. Les Métis les achètent et beaucoup de jeunes sont intéressés par l'angle humanitaire de l'entreprise. »
« Mais l'économie ne se prédit pas, et on rencontre parfois des contretemps, déclare le fondateur d'étchiboy. Néanmoins, c'est une expérience très intéressante. »
Cette relation d'autochtones à autochtones est l'occasion d'un échange culturel. « Un jour, je commande des ceintures auprès de Santos, le coordinateur de la production au Pérou, relate-t-il. Et il me dit que ce n'est pas possible car la communauté a une célébration religieuse! Je l'accepte. »
Dans l'avenir, Miguel Vielfaure espère vivre de cette activité. « J'aimerais pouvoir vendre mes ceintures à des personnes qui n'y connaissent rien, projette-t-il. Pour cela il faut être capable d'expliquer aux gens la culture métisse. » Il entend aussi créer de nouveaux produits et intégrer de nouveaux marchés comme l'Ouest du Canada ou l'Europe. Un site Internet devrait être prochainement lancé afin de permettre la vente en ligne.